Biennale d’art contemporain : regard d’un jeune lycéen sur une œuvre gigantesque
Martine Pullara | Lyon Capitale, 1 November 2022
Œuvre apocalyptique du Belge Hans Op de Beeck, We Were the Last to Stay est une prise de conscience magnifique et radicale sur l’état du monde. Danaël Marques, jeune lycéen de 16 ans à Trévoux, l’a traversée pour nous.
Prenant la forme d’une installation gigantesque qui occupe un hangar entier dans les anciennes usines Fagor du 7e arrondissement, We Were the Last to Stay du Belge Hans Op de Beeck est une des œuvres choc de la 16e Biennale d’art contemporain.
Évoquant un camping abandonné, elle est une œuvre immersive à l’intérieur de laquelle on pénètre pour se confronter à tous les espaces et éléments qui le composent : caravanes, balançoires, vélos, fanions, jouets, barbecues, voitures, arbres, landaus, étang…
Mais tout est gris et immobile ! Comme si une pluie de cendres s’était abattue sur un monde vivant pour le figer dans le temps. “Je ressens que l’homme peut apporter la vie comme il peut l’enlever en deux secondes, nous dit Danaël Marques, on a l’impression que l’histoire s’est arrêtée d’un coup, le lieu semble instable, comme si au moindre événement – une guerre, une bombe ou un virus – la vie pouvait basculer vers le néant. Cela nous fait émettre des hypothèses sur le pourquoi et on se dit que c’est de la faute de l’homme. Ici, on a toutes les notions de la vie de l’homme. L’artiste s’est approprié le lieu dans son intégralité, pour sa vitalité : l’eau avec le château d’eau, la nature avec le jardin botanique, les enfants avec les jeux, l’élevage avec les cages à oiseaux, la technologie avec les ordinateurs et téléphones, le bricolage et la créativité, les déplacements avec motos et voitures. Un monde créé par l’homme et inanimé par son absence. Et si notre monde était noir et blanc, fade à vivre ? Ici, tu ne distingues rien, il n’y a pas de plaisir, tu ne vois pas l’avenir alors que ça avait l’air festif. On est invité à se poser et à regarder tout ce qu’on a fait à la vie, ça me rend nostalgique. Le lieu est mort mais les objets sont étrangement figés dans un moment de vie où les visiteurs vêtus de couleurs mettent de la lumière.”
English:
Contemporary Art Biennial: a young high school student's look at a gigantic work
An apocalyptic work by Belgian Hans Op de Beeck, We Were the Last to Stay is a magnificent and radical awareness of the state of the world. Danaël Marques, a 16-year-old high school student in Trévoux, explored it for us.
Taking the form of a gigantic installation that occupies an entire hangar in the former Fagor factories of the 7th arrondissement, We Were the Last to Stay by Belgian Hans Op de Beeck is one of the shocking works of the 16th Contemporary Art Biennial.
Evoking an abandoned campsite, it is an immersive work within which you enter to confront all the spaces and elements that compose it: caravans, swings, bicycles, pennants, toys, barbecues, cars, trees, prams, pond...
But everything is gray and motionless! As if a rain of ashes had hit a living world to freeze it in time. "I feel that man can bring life as he can remove it in two seconds," says Danaël Marques, "we have the impression that the story has stopped all at once, the place seems unstable, as if at the slightest event - a war, a bomb or a virus - life could switch to nothingness. This makes us make assumptions about why and we think it's man's fault. Here, we have all the notions of man's life. The artist appropriated the place in its entirety, for its vitality: water with the water tower, nature with the botanical garden, children with games, breeding with bird cages, technology with computers and phones, DIY and creativity, travel with motorcycles and cars. A world created by man and inanimated by his absence. What if our world was black and white, bland to live? Here, you don't distinguish anything, there is no pleasure, you don't see the future when it looked festive. We are invited to sit down and look at everything we have done to life, it makes me nostalgic. The place is dead but the objects are strangely frozen in a moment of life where visitors dressed in color put light."