Biennale de Lyon : entre cocons suspendus et mouche bavarde, 8 œuvres à voir absolument
Matthieu Jacquet | Numero, 14 October 2022
Le 14 septembre, la Biennale de Lyon ouvrait la porte de sa 16e édition, placée sous le signe de la fragilité et rythmée par les œuvres de plus de 200 artistes déployés dans 12 lieux de la ville, des hangars industriels des usines Fagor aux galeries vides du musée Guimet, ancien musée d’Histoire naturelle de Lyon rouvert pour l’occasion. Des cocons suspendus de Tarik Kiswanson à la vidéo grinçante de Puck Verkade sur l’éco-anxiété, en passant par la ville recouverte de cendres de Hans Op de Beeck, découvrez 8 œuvres marquantes de ce rendez-vous international de l’art contemporain.
Le monde recouvert de cendres de Hans Op de Beeck
Depuis plus de vingt ans, Hans Op de Beeck fait voir la vie en gris à son public. Qu'elles soit montées sur de petit socles ou déployées en grand format dans l’espace public, ses sculptures se caractérisent la plupart du temps par leur même revêtement monochrome, dont la teinte mate entre le noire et le blanc semble figer l’être vivant ou la nature dans le temps. Aux usines Fagor, l’artiste belge dispose du privilège d’occuper à lui seul l’une des immenses halles du site, dans lequel il dévoile une installation cinématographique grandeur nature aux accents nostalgiques : un paysage à l’arrêt composé de voitures, caravanes et autres bicyclettes, mais également d’un étang bordé d'arbres et d’une aire de jeux, tous peints dans ce fameux gris jusqu’au moindre gravier qui encadrent l’étendue d’eau noire. Immergé dans cette nature morte géante, le public y erre comme dans le quartier d’une ville abandonnée, recouverte par les cendres suite à une catastrophe naturelle – éruption volcanique, incendie ravageur, ou même accident nucléaire. Devant ce tableau à échelle humaine, difficile de ne pas penser à David Lynch ou encore à Lars Von Trier, grands cinéastes renommés pour leur habileté à représenter la mélancolie à l’écran. Seul élément coloré et mouvant de cet espace, le visiteur y devient alors malgré lui le personnage d'un scénario aléatoire alors qu'il parcourt ce décor immobile dominé par cette grisaille morose et poétique.
English:
Lyon Biennale: between suspended cocoons and talkative fly, 8 must-see works
On September 14, the Lyon Biennale opened the door to its 16th edition, under the sign of fragility and punctuated by the works of more than 200 artists deployed in 12 places in the city, from the industrial hangars of the Fagor factories to the empty galleries of the Guimet Museum, a former natural history museum in Lyon reopened for the occasion. From Tarik Kiswanson's hanging cocoons to Puck Verkade's squeaky video on eco-anxiety, to the ash-covered city of Hans Op de Beeck, discover 8 outstanding works from this international contemporary art event.
The world covered with ashes by Hans Op de Beeck
For more than twenty years, Hans Op de Beeck has made his audience see life in gray. Whether mounted on small pedestals or deployed in large format in the public space, his sculptures are most of the time characterized by their same monochrome coating, whose matte hue between black and white seems to freeze the living being or nature over time. At the Fagor factories, the Belgian artist has the privilege of occupying one of the huge halls of the site alone, in which he unveils a life-size cinematographic installation with nostalgic accents: a landscape at a standstill composed of cars, caravans and other bicycles, but also a pond lined with trees and a playground, all painted in this famous gray to the Immersed in this giant still life, the public wanders there like in the neighborhood of an abandoned city, covered by ashes following a natural disaster - volcanic eruption, devastating fire, or even nuclear accident. Faced with this painting on a human scale, it is difficult not to think of David Lynch or Lars Von Trier, great filmmakers renowned for their ability to represent melancholy on the screen. The only colorful and moving element of this space, the visitor then becomes in spite of himself the character of a random scenario while he travels through this motionless setting dominated by this gloomy and poetic grayness.