L’univers merveilleux de la Biennale d’Enghien
Yesmine Sliman Lawton | L'Echo, 7 September 2022
La Biennale d’art contemporain d’Enghien nous invite à la rêverie et au mystère… comme "Par enchantement".
Prenez un beau parc, mettez-y un château, une tour, des écuries, deux petits pavillons, un tunnel, un bois, des plans d’eau. Incorporez-y 14 œuvres d’art soigneusement sélectionnées par les commissaires Myriam Louyest et Christophe Veys, et vous obtenez la recette idéale d’une promenade idyllique.
Ici, l’enchantement prend de multiples formes. Au sous-sol, dans les anciennes écuries, «Staging silence», la vidéo en noir et blanc de 44 minutes de Hans op de Beeck, est basée sur le principe simple de mains qui racontent une histoire en manipulant des éléments de décors. Le temps se construit et se déconstruit sous nos yeux, et nous replonge dans l’enfance lorsque notre imaginaire projetait dans l’espace nos récits enchantés.
Dans les écuries, la belle installation de Luca Vanello apparaît comme dans un conte de fées. On se promène à travers une végétation d’une blancheur étrange. L’artiste arrive à extraire la chlorophylle du feuillage et produit ainsi une vision hivernale de la nature.
La vie au bout du tunnel
Dérouté, on l’est également dans l’un des espaces les plus atypiques du parc: le souterrain, qui se déploie sur plusieurs mètres. Le temps que nos pupilles s’habituent à l'obscurité, nous butons sur le rocher de Justine Bougerol. Comment est-il arrivé là? Que dissimule-t-il? Pas d’autre choix que de faire demi-tour avec l'étrange impression de revenir à la vie en voyant la lumière au bout d’un tunnel...
Un peu plus loin, un cheval de cristal semble s’être échappé d’un manège enchanté. Avec une boîte de verre aux parois ornées, tout en transparence, voilà deux petits bijoux de sensibilité signés Patrick Neu, parfaitement sertis dans les deux petits pavillons dix-septième du château d’Enghien. Cette année, pour la première fois, la salle de la maquette, située dans la tour, est ouverte au public. On y découvre les maquettes poétiques de Philippe De Gobert, parfaitement intégrées à l’espace et provoquant un effet d’échelle extraordinaire avec le paysage au-dehors.
Skatepark flottant, géant mi-enfant mi-âne, blés scintillants, gouttelettes d’or géantes... Autant d'œuvres qui se jouent des codes du merveilleux et de l’étrange. Et nature, patrimoine et art contemporain de fusionner comme par enchantement.