Danse Macabre, oeuvre d’une inquiétante et belle étrangeté à Bruges
Guy Duplat | La Libre, 15 June 2021
Au centre de Bruges, à la Sint-Maartenplein, vient d’être installée Danse macabre, oeuvre d’une inquiétante et belle étrangeté : un carrousel de 12 m de diamètre et 4 m de haut, mais entièrement gris, statique, silencieux, comme pétrifié par on ne sait quelle éruption volcanique. A moins que ce ne soit le Covid qui ait frappé et que ce carrousel signifie que « la fête est finie ». Le temps y semble figé, le moteur s'est arrêté et toute gaieté a disparu.
Sur le toit du manège, des têtes de mort; sur un cheval, un squelette habillé en dandy; à l’arrière, une femme squelette fume; une autre morte tient en laisse un phoque au milieu des plateaux délaissés de banquets passés.
Mi-classiques par leur pose, mi-archéologiques par leur aspect de poussière d’éternité, ils dialoguent étrangement avec la ville. En sont-ils le passé refoulé ou l’avenir possible ? Ils forment un ensemble de "vanités" comme l’art ancien aimait en faire pour rappeler l’inéluctabilité de la mort. A l’image des Danses macabres qui naissaient aux temps de la peste.
Hans Op de Beeck, né en 1969, qui travaille à Bruxelles est un de nos meilleurs artistes, jouant des vidéos, sculptures, dessins et installations immersives pour nous entraîner dans des voyages troublants. Il réalise d’immenses ensembles totalement pigmentés de gris, comme si brusquement toute la couleur du monde avait disparu.
Il se dégage de ses installations une douce nostalgie et, à la fois, une sourde inquiétude, quelque chose qui oscille entre rêve et cauchemar.
Avec ses œuvres, il souhaite pourtant susciter un sentiment de paix et inciter le spectateur à la contemplation, à réfléchir sur lui-même, sur la société, sur le sens de la vie et de la mort.
Rappelons que le point de départ de cette Triennale, là où on peut trouver le plan du parcours, est la Poortersloge dans laquelle il y a une riche exposition à ne pas rater. La Triennale se poursuit jusqu’au 24 octobre.
EN:
In the center of Bruges, at the Sint-Maartenplein, Danse macabre has just been installed, a work of disturbing and beautiful strangeness: a carousel 12 m in diameter and 4 m high, but entirely gray, static, silent, like petrified by some unknown volcanic eruption. Unless it was the Covid that struck and this merry-go-round means “the party is over”. Time seems frozen there, the engine has stopped and all cheerfulness has disappeared.
On the roof of the merry-go-round, skulls; on a horse, a skeleton dressed as a dandy; in the back, a female skeleton smokes; another dead woman holds a seal on a leash in the middle of abandoned trays of past banquets.
Half-classic in their pose, half-archaeological in their aspect of eternity dust, they enter into a strange dialogue with the city. Are they the repressed past or the possible future? They form a set of "vanities" as ancient art liked to do to remind people of the inevitability of death. Like the Danses macabres which began in the days of the plague.
Hans Op de Beeck, born in 1969, who works in Brussels is one of our best artists, making videos, sculptures, drawings and immersive installations that take us on disturbing journeys. He creates huge sets totally pigmented in gray, as if suddenly all the color in the world had disappeared.
There emerges from his installations a sweet nostalgia and, at the same time, a deaf concern, something that oscillates between dream and nightmare.
With his works, however, he wishes to arouse a feeling of peace and encourage the viewer to contemplate, to reflect on himself, on society, on the meaning of life and death.
Remember that the starting point of this Triennale, where you can find the map of the route, is the Poortersloge in which there is a rich exhibition not to be missed. The Triennale continues until October 24.